rose | neutre

thomas se leva, s'habilla, marcha jusqu'à la porte de l'appartement qu'il ouvrit, puis refermant derrière lui se mit à descendre les escaliers, demi-palier par palier par demi-palier, jusqu'à ce qu'il fut enfin trois étages plus bas, au rez-de-chaussé, devant la porte en bois de l'immeuble et dans laquelle étaient creusées les boîtes aux lettres des locataires. Le trou de la serrure intérieure de sa boîte laissait passer, portée par un courant d'air qui se faufilait de par l'extérieur, une odeur de papier journal rose fraîchement imprimé. avec le temps, au bout de quelques jours après que le journal commença à lui être livré, c'est-à-dire après une semaine de livraisons ratées et divers coups de téléphone qui mirent fin au problème, son nez lui faisait sentir la présence du journal dans la boîte, avant même qu'il ne le vît de ses yeux. thomas trouvait qu'une telle astuce devait bien être une preuve de son sens pratique de la vie. ce lundi matin-là, quelques marches avant qu'il fut sur le palier de la porte d'entrée, il savait déjà que son café serait accompagné d'une lecture matinale du Financial Times.

thomas était un individu au passé simple quoique semé d'imparfaits. oh pas grand chose comme imperfections, rien à côté de tous les hauts et bas de ses journées passées avec lesquels il composait sa vie à coups de ceci est monté, cela est descendu, et ainsi de suite, jusqu'en fin de semaine où les choses qui montèrent et baissèrent toute la semaine n'avaient, par rapport à la précédente, pas si fluctuer que cela. pour dire vrai, thomas n'était pas un sujet très intéressant. il en avait conscience. il ne se croyait au-dessus de personne, non, c'était un type résolument moyen, qui passait imperceptiblement devant vous sans que vous ne vous en rendiez compte, comme sans doute lorsqu'il vous est passé sous le nez hier.

il était à peine 7h30 lorsqu'il s'assit enfin, une tasse | remplie de trois quarts de café lyophilisé, d'un huitième de lait entier, d'un huitième de sucre de canne | posée | sur un dessous-de-verre en contre-plaqué cheap laqué d'une image de chat | sur la table basse ikéa jaune qui se trouvait à côté de son fauteuil de lecture. que de détails! certes, mais les chutes les plus vertigineuses se peuvent trouvées, maintes fois, en d'inconséquents détails. il était trop sensible à la petite chose qui pouvait tout faire basculer, d'un coup sec et effarant, tel un coup de tête lancé en pleine face alors qu'on ne faisait qu'entrer dans un bar.

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