journal d'un étranger en stage d'entreprise
Lundi 11 Août
Aujourd'hui, mes blattes sont mortes. Ou peut-être hier, je ne
J'ai tout de suite téléphoné au garage pour savoir si mon camion était prêt. Le monsieur m'a dit de rappeler dans une demi-heure, que l'atelier était débordé, qu'ils ne pourraient me parler en ce moment. Son manque d'amabilité me laissa supposer qu'ils en étaient encore au café, à neuf heures du matin!
Après avoir fumé quelques cigarettes, je les ai téléphoné de nouveau, au bout de trois quarts d'heure. C'est une voix féminine qui me répondit. Elle m'assura que mon camion était prêt, que je pouvais passer quand je voulais. Avec ma patronne, nous décidâmes d'y aller vers onze heures. Ainsi nous arriverions à la cantine vers midi, juste à temps pour manger. Bien sûr toutes ces planifications furent vaines, car nous dûmes attendre une bonne heure au garage avant qu'ils veuillent bien nous donner le camion.
La matinée m'avait fatigué et j'aurais bien fait la sieste. Cependant, je ne l'ai pas faite. La semaine d'avant on m'avait fait comprendre que je n'étais pas payé pour cela. J'ai donc regardé le téléphone jusqu'à quinze heures, tout en espérant qu'il ne sonnerait pas. Il n'a pas sonné. A quinze heures, je suis parti prendre le bus.
Mardi 12 Août
Ce matin, j’ai dû identifier les corps de mes deux blattes. J’ai confirmé qu’elles étaient les miennes et qu’elles étaient mortes. Le monsieur qui est venu les chercher m’a dit qu’il faudrait faire une autopsie, pour élucider les circonstances de leur mort. Je lui ai dit que je n’étais pas contre, qu’il pouvait le faire, s’il le fallait. J’ai donc consenti à ce qu’elles soient décortiquées. J’ai aussi demandé si je devais déclarer les mortes à la mairie. Il m’a répondu que ce n’était pas nécessaire. Tant mieux, je peux ainsi me réconforter avec l’idée qu’elles ne sont pas mortes, officiellement.
Ensuite ma patronne est arrivée. Des ampoules avaient grillé, je devais les changer. J’ai parfois l’impression que je ne fais que cela, c’est-à-dire que je ne fais qu’illuminer des endroits dépourvus de lumière.
Mercredi 13 Août
Ma patronne a crevé. Cela me fait de la peine, mais pas au point d’en pleurer. C’est ça la vie, les choses arrivent. Ça me fait un peu chier quand même, il va falloir que je lui change sa roue et que je
Une secrétaire vient juste de me téléphoner pour me dire que son téléphone était en panne. Je lui ai dit qu’il ne devait pas vraiment être en panne, puisqu’elle me téléphonait. Elle téléphone depuis son poste de secours, un poste tout simple, sans toutes les options, c’est-à-dire les rappels automatiques, la fonction conférence, les transferts, etc... Je téléphone donc à la société Bosch qui s’occupe des téléphones. Ils m’engueulent et me disent qu’ils ne s’appellent plus Bosch mais Tenovis ou Tenaudis, je ne
C’est bon, le téléphone est réparé, je puis donc rentrer chez moi tranquille.
Jeudi 14 Août
J’ai passé ma journée dans les faux plafonds. Il y avait des fuites de partout. Je n’ai que constaté les dégâts, je ne suis pas habilité à intervenir. J’ai donc faxé un machin, un bon d’intervention au plombier. Je me demande parfois s’il ne fait pas exprès de mal réparer les fuites, pour se donner plus de travail. Personnellement, je m’en fous, ce n’est pas moi qui paye, mais je lui fais tout de même des fax sans arrêt. Quand je suis redescendu de mes faux plafonds, j’ai re-fixé un extincteur au mur. Le pauvre était tombé.
Après mes efforts de ce matin, j’était content de faire ma permanence téléphonique. Comme d’habitude, il n’y avait rien à signaler. J’ai donc lu le journal. Des milliers de gens crèvent de chaud en ce moment, c’est-à-dire qu’ils meurent, ce n’est pas qu’une simple expression pour dire qu’il fait chaud. Moi aussi je crève de chaud, même avec la clim.
Vendredi 15 Août