une cabane à boeufs

il fut un temps, j'avais un élève. tout se passait bien au début. il ne semblait pas croire que j'en susse plus que lui. je lui apprenais les contractions, les soustractions, les additions, les temps de la grammaire, un peu de géologie, en insistant surtout sur le fait que temps + force = géologie, des choses quoi. il apprenait vite, se montrait curieux, studieux le soir dans sa chambre sous sa lampe de chevet. c'était, pour tout dire, un élève modèle. nous faisions bon chemin, je lui parlais de l'Un, du transcendental empirique, de la raison comme effet de l'esprit, de processus d'individuation et de subjectivation, bref, de choses élémentaires.

puis, un jour, tout se démena. il arriva dans la cabane à boeufs où nous faisions cours* et s'exclama 'maître, je suis votre disciple!'. je ne comprenais pas. 'maître je m'incline devant votre savoir, apprenez-moi tout ce que vous puissiez savoir!'. que de bêtises lui dis-je. arrêtez donc avec ses illusions rencheris-je. mais toutes mes protestations se trouvèrent être de vains mots face à son obstination soudaine de savoir.

il va sans dire qu'à partir de ce jour les choses changèrent, prirent un cours que je ne souhaitais faire, que nous ne pouvions, à la lettre, faire ensemble. c'en fut donc finit de mon élève. il devint disciple de je ne sais quel savoir et se mit dans l'idée de répendre tout ce qu'il avait appris de notre travail. que j'en appris autant que lui ne dût jamais lui traverser l'esprit. si c'eût été le cas, je doute qu'il fût devenu disciple.

après cela, je ne pus jamais plus me résoudre à prendre quelque nouvel élève que ce fût. je n'ai jamais eu de tendances dominatrices, aucune inclinaison envers les ordres et leurs mots. j'ai donc continuer avec les livres. nous apprenions ensemble, parfois je jouais l'élève, des fois ils en faisaient office. tout se passa bien. j'apprenais, je jouais, je retrouvais la joie d'un certain partage sensible.


* extrait d'un cours du jeudi:

je hume le problème à la recherche d'une cause inexistente, à un fait donné retiré du monde. en cela, je réactive le problème, ce qui n'est pas chose facile à faire en ces temps post-kantiens. mais qu'importe, au fond ce problème n'est pas en cause. ou plutôt, il ne saurait en être l'effet. je ne sais guère si cela est plus clair? c'est que dans la spéculation, les frontières se différencient incessament, si bien que l'on ne sait toujours déjà pas vraiment en quel champ se trouve-t-on. et les champs, nous connaissons. que d'heures de marche parmi les herbages doucereux sur lit de boue des champs de mon pays. bien qu'il puisse s'y trouver d'autres champs en de pays différents, je ne le pense pas. jamais un sol aussi doux à la plante de pied n'a été sentit ailleurs. c'est ce qui expliquerait, selon certains, pourquoi le rugby se joue à l'avant et non pas à l'arrière dans mon pays. je n'en suis pas si sûr, cette thèse me semble-t-il, comme quoi le jeux d'une équipe aurait pour cause la douceur d'un sol, me paraît des plus corrélationiste qu'il soit.

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